Le trailer est tombé hier, surgi de nulle part: un mec a décidé d’autoproduire et réaliser une série sur la vie de Booba.
Quand on a vu la bande-annonce de KOPP, on a cru pendant quelques secondes à un fake, d’autant que l’auteur-réalisateur, Ange Jisa, s’est fait connaitre via Kebab-Caviar, une mini-série d’animation qui parodiait le rap français.
Mais c’était trop produit et trop marketé (3 épisodes de 50 minutes, en VOD payante sur Vimeo) pour ne pas être au premier degré.
Est-ce que ce trailer complètement cinglé disait vrai?
On a regardé le 1er épisode et on est allés vérifier point par point, méthodiquement.
L’AFFICHE
La vidéo tient ses promesses: ya bien du “Rap, Money, Bad Boy, Wanted” dans l’épisode.
Mais on est plus circonspects sur le gros KOPP sur fond de drapeau américain : en effet, aux Etats-Unis, KOPP est une marque de glaces et de burgers géants, dont l’histoire n’a rien à voir avec le rap ni le Pont de Sèvres .
C’est d’ailleurs peut-être la peur de représailles de leur part qui fait que la vidéo est promue en tant que “Booba – le film” sur Youtube?
La vie et la jeunesse de Booba ? Est-ce qu’il y a un sujet plus mystérieux et controversé dans le rap français ?
Et ben contre toute attente, KOPP s’en sort pas si mal. Métissage et problèmes identitaires, obsession de la tune, origines sociales floues, petites magouilles : en mêlant épisodes reconnus, fiction cheloue et citations discrètes de lyrics, ce premier volet dresse un portrait intéressant du rappeur (bien qu’on ne voie à aucun moment d’ambassadeur ni de poney en cadeau d’anniversaire).
Surtout, la série s’amuse à imaginer quelques uns des mythes fondateurs qui transformeront Kopp en B2O.
- Les 7 premières minutes ressemblent ainsi à une version ghetto des aventures de Tintin, avec Kopp dans le rôle principal :
- Dans un joli monologue face à sa glace, Kopp raconte que son père est parti en lui laissant … un ours en peluche. Une raison pour s’appeler Bouba ?
Au cours de ce monologue, Kopp traite d’ailleurs son père de fils de pute – ce qui équivaut à se traiter lui-même de petit-fils de pute :-/
- On découvre aussi que la mère de Kopp aurait une allure de grosse MILF, ce qui expliquerait sa propension à vouloir niquer des mères.
- Toujours dans la série “famille dysfonctionnelle”, on assiste à un clash entre Kopp et sa grand-mère (jouée par une actrice géniale), qui aura cette réplique superbe :
« Les bâtards, les bâtards…? C’EST TOI LE BATARD! »
Ce qui explique peut-être pourquoi il se traitait lui-même de petit-fils de pute.
Dernier des mythes fondateurs: sa rencontre avec Ali.
Ali explique à Kopp pourquoi il a décidé d’arrêter de danser, avec une phrase qui va probablement entrer dans la légende:
“J’en avais marre de danser pendant que l’état nous encule, tu vois. Maintenant je fais du rap tu vois, je dénonce.”
A noter: Houari Bait, qui joue Ali, est apparu à la télévision dans ENGRENAGES et, surtout, dans un épisode de JOSEPHINE ANGE GARDIEN.
Imaginez un peu.
« Cinématographique » pas trop, et pour ce qui est du « cri de colère » ? Le film commence par une scène où des mecs braquent un studio pour voler des micros, sans qu’on sache pourquoi. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’ils ne les ont pas revendus au réalisateur du film, vu que les prises de son sont globalement catastrophiques.
LES INFLUENCES
La série s’annonce tranquilou comme étant…
Vérification : KOPP ne se trouve nulle part entre les deux, même pas dans l’alphabet.
Pour nous, les influences sont plutôt à chercher du côté d’autres productions hollywoodiennes, à commencer par la série DAWSON.
En effet, il y a une scène de soirée-pyjama de Booba chez Ali, qui commence par la célèbre phrase : “hey….tu dors?” et finit par “parle moins fort, y’a ma mère qui dort.”
Par ailleurs la série se déroule dans une sorte d’uchronie, où les personnages ne vieillissent pas et où les ados ont des gueules de darons. Kopp est censé avoir moins de 20 ans pendant tout l’épisode alors que l’acteur Lassana Lestin, d’ailleurs excellent, porte bien ses 32 piges.
C’est ce qu’on appelle…
Encore plus troublant, tous les décors datent de notre époque, alors que l’histoire est censée se dérouler dans les années 90 : on voit des affiches de spectacles actuels, Kopp médite un soir devant la tour First, inaugurée en 2011…
Et tous les mecs s’habillent en Enyce, Phat farm, Ecko et autres marques qui nous rappellent les heures les plus sombres de la mode rap (on remarquera même que les acteurs se prêtent leurs sappes entre eux).
Bref, des mecs qui, en 2014, s’habillent comme il y a 15 ans ? A notre avis, KOPP doit se dérouler dans le 77.
ET DONC?
Probablement pas, non. Mais il fait passer un bon moment.
KOPP est à Booba ce que Marvel Agents of SHIELD est au film AVENGERS : une série un peu foireuse, à moitié ridicule et cheap par rapport à sa référence d’origine, mais avec de bonnes intentions, des passages cools et des clins d’œil qui feront kiffer les fans.
Ca vaut ses 3,99 dollars sur Vimeo. Et si comme Kopp « vous en voulez plus encore », vous pouvez lâcher un billet sur le projet Ulule de Jisa Media pour financer le second épisode.
En tous cas si la suite se fait, on veut notre blaze dans le générique.
Juste un truc à l’avenir : dans le rôle de Booba-du-futur, on aimerait retrouver Brahim Tavarez, aka son sosie-officiel-mais-pas-officiel-qui-fait-du-porno-en-scred-mais-que-tout-le-monde-grille-et-qui-prend-sa-douche-avec-sa-casquette-et-ses-lunettes.
Merci d’avance.